Etre père : d'hier à aujourd'hui.....Histoires de pères et de repères

Le changement du statut social des femmes et des enfants a transformé celui des pères dans la famille. On ne peut plus exercer l'autorité sur eux comme on le faisait il y a cinquante ans. Les familles s'organisent autour de l'enfant et non plus autour du mariage. On attache la plus grande importance à la réussite scolaire des enfants et à leur épanouissement. De plus en plus souvent les parents se séparent et les familles se recomposent. Les lois sur la famille ont changé. Dans ce nouveau cadre, quel peut être le nouveau rôle
du père ? en quoi sa place demeure-t-elle indispensable ?

Le mot père vient du latin Pater. Il n'implique pas tellement la paternité physique, rôle assuré plutôt par géniteur, mais il exprime surtout une valeur sociale et religieuse, désignant le chef de la maison, l'homme en tant que représentant de la suite des générations. Père : « homme ayant autorité reconnue pour élever un, des enfants au sein de la cellule familiale, qu'il les ait ou non engendrés »  (Petit Larousse).

Le pater familias romain et sa toute puissance qui lui donnait droit de vie et de mort sur les siens aurait-il laissé place à un père soumis à la volonté de la mère, de la femme - épouse ou à celle du législateur?

La place du père est menacée, sa fonction est dévaluée, attaquée comme si l'on était dans une culture où le père n'avait pas sa place.

La place du père c'est une place qui reste à occuper  comme celle de la case manquante dans le jeu du Taquin, place qui permet ainsi que les autres places se distribuent, qu'il y ait du jeu.

Que signifie aujourd'hui être père?

L'expression latine ” Mater certissima est, pater incertum” continue à être vraie pour le père mais ne l'est plus pour la mère. Dans le temps, pour attester la filiation royale d'un enfant, on assistait à l'accouchement de la reine. Aujourd'hui, on ne serait plus sûr de rien, quand on pense qu'une mère peut porter en son sein l'enfant de sa fille, ou de sa sœur ou de quelqu'un d'autre encore !

Il n'est pas facile de s'y retrouver si l'on prend le problème uniquement par le bout de la filiation, voire par celui de la procréation.

Pour mieux comprendre la place rassurante du père dans le développement et la construction psychique de l'enfant il est important de différencier la place du père pré-œdipien (avant les deux  ans et demi de l'enfant) de la place du père œdipien (après trois ans).Tout d'abord la place du père est de soutenir le lien mère-enfant, rôle de soutien et d'approvisionnement affectif qui contient la mère qui contient l'enfant. C'est ce que certains associent à la fonction dite « Sainte Anne » ou de grand-mère. La place du père œdipien met en scène le jeu de rivalité entre le père et le fils. Celui-ci laissant apparaître le désir de tuer son père accède au sentiment de culpabilité, à l'ambivalence des sentiments d'amour et de haine.

Pour passer de l'enfance à l'âge adulte, l'adolescent doit se confronter aux images parentales, renouer avec la violence des fantasmes incestueux et parricides. Le regard du père joue un rôle déterminant dans le devenir de l'adolescent. Si la place du père est une place à prendre, le père, lui, est un     homme à abattre, le fantasme du meurtre du père est une nécessité structurante.

Un père tout seul, est-ce que ça  existe ?

Dire père c'est entrer dans le registre de la génération et accéder à la dimension de la socialisation.

Mais penser le père ne peut s'envisager sans penser la mère, sans penser la génération. Un enfant tout seul, ça n'existe pas plus qu'un père tout seul ou qu'un père avec son enfant.

Mais où sont donc passés les pères? Père martinet, père église, père bébé, père meurtri, père bureau, père porte-monnaie, père absent, père jamais-libre.

Est-ce qu'on pourrait dire : les pères sont là et bien là... la vraie transformation aujourd'hui est que les hommes ont le choix entre plusieurs modèles de paternité ?